Esther Philips est surtout connue du grand public pour son interprétation disco de la chanson de Dinah Washington: "What A Diff'rence A Day Makes". Ce tube a quelque peu occulté, chez nous, le reste de sa discographie mais aussi le remarquable enregistrement d’où est issu ce titre. Il faut dire que Sony a remis une couche dernièrement en sélectionnant une fois de plus cette musique dans son coffret anniversaire « CTI Records: The cool révolution ». C'est regrettable, d'autant plus que cet album est important dans la discographie du label. Il permet de découvrir un tout nouveau directeur musical en la personne de Joe Beck. Ce virtuose du jazz, au parcours atypique et au style original, a su insuffler à son jeu de guitare l'intensité
fulgurante du rock. Ses séances d'enregistrement pour les disques de Joe Farrell, Don Sebesky restent mémorables. Ceci dit, la collaboration entre ce musicien de jazz fusion et la chanteuse soul avait de quoi surprendre. Lors de sa réédition sur Compact Disc*, l'ancien directeur de la publicité du label CTI: Didier C. Deutsch est revenu sur ce drôle d'attelage:
«... Signer avec le label kudu de Creed Taylor en 1971 avait été comme une
renaissance. Elle avait déjà enregistré quatre albums avant de faire
"What A Diff'rence A Day Makes", et à chaque fois elle s'était
distinguée comme l'une des meilleures interprètes de R&B, avec une
popularité presque égale à celle d'Aretha Franklin. Comme elle
travaillait habituellement avec un cercle de musiciens qu'elle
connaissait bien, notamment Pee Wee Ellis qui était son accompagnateur
et directeur musical depuis quelques années, elle fut assez réticente
quand Creed suggéra qu'elle fasse son album suivant avec Joe Beck, un
talentueux guitariste de jazz et arrangeur, qui venait de signer avec le
label, mais avec lequel Esther ne ressentait aucune affinité. Pourtant
ce fut Beck, avec ses titres enfiévrés et rythmés, qui fit de l'album
ce qu'il est devenu. Le disco était la grande nouveauté de l'époque, et
tous les clubs demandaient sans cesse des chansons sur lesquelles leurs
clients pourraient "s'exprimer" sur les pistes de danse. Joe Beck avait
retenu l'attention de Creed grâce à sa collaboration avec Joe Farrell,
un autre artiste de CTI. Beck avait joué un rôle important dans son
groupe et semblait avoir trouvé la bonne inspiration pour faire d'Esther
une diva du disco. Bien qu'il repose sur un large spectre de genres
musicaux – des bouleversants classiques R&B, aux rocks, et même une
chanson country – on se souviendra toujours de cet album pour sa piste
titre, qui devint l'un des hymnes de l'ère disco, et par la même
occasion ouvrit à Esther de nouvelles perspectives. Dans les albums
suivants ("For All We Know" et "Capricorn Princess"), elle essaya de
retrouver les ambiances qui l'avaient portée au sommet du succès et de
profiter de son "nouveau" son. Pendant un temps, on pensa même qu'elle
se ferait une place parmi les divas du disco telles que Gloria Gaynor ou
Donna Summer, mais il n'en fut rien, et "What A Diff'rence" demeura le
seul succès populaire qu'elle enregistra dans cette veine.»**
La variété des styles abordés dans « What A Diff'rence A Day Makes » a permis à l'album de traverser les années sans soucis. Contrairement à son titre éponyme, il n'est pas daté. C'est un très bon cru aux multiples saveurs allant de la soul aux blues en passant par le rock. La présence, au côté du guitariste/arrangeur, d'un groupe de musiciens comme Steve Kahn, Chris Parker, Don Grolnick, les frères Brecker ou David Sanborn ne laissait, de toute façon, guère de doute sur la réussite de ce projet.
♫ ♫ ♫ ♫ 1/2
* CTI: "The Master Series" Sony. 2001 - 5051632 [CD], notes: Didier C. Deutsch
** Merci à Sylvie du forum international: help.berberber.com pour sa traduction
Face A
1. One Night Affair 5:48
(Kenny Gamble/Leon Huff)
2. What A Diff'rence A Day Makes 4:28
(Maria Grever/Stanley Adams)
3. Mister Magic 4:22
(Ralph MacDonald/William Salter)
4. You're Coming Home 3:24
(Brenda Harris)
Face B:
1. I Can Stand A Little Rain 3:21
(Jim Price)
2. Hurtin' House 5:00
(Lu Emerson)
3. Oh Papa 4:18
(David Nichtern)
4. Turn Around, Look At Me 3:57
(Jerry Capehart)
Sur compact disc en bonus:
What A Diff'rence A Day Makes (single version) 3:10
Arrangé par Joe Beck
Enregistré aux studios Van Gelder en Avril 1975
Ingénieur du son: Rudy Van Gelder
Voix: Esther Phillips
Guitares: Lead: Joe Beck, rythmique: Steve Kahn, Steel Pedal: Eric Weisberg
Keyboards: Don Grolnick
Basse: Will Lee
Batterie: Chris Parker
Percussion: Ralph MacDonald
Saxophone ténor: Michael Brecker
Saxophone alto: David Sanborn
Trompette: Alan Rubin, John Gatchell, Jon Faddis, Randy Brecker
Trombone: Barry Rogers, Tony Studd
Cor d'harmonie: Brooks Tillotson, Jimmy Buffington
Violon: Emanuel Green, Gene Orloff, Harold Kohon, Harry Lookofsky, Kathryn Kienke, Leo Kahn, Matthew Raimondi, Max Pollikoff
Alto: Al Brown, Manny Vardi
Vionloncelle: Charles McCracken, George Ricci
Photographie: Alen MacWeeney
Design: Bob Ciano
Producteur: Creed Taylor
Mezrci de ce rafraîchissement, sur des conbseils similaires j'avais pris ce disque. Marrant comment des artistes plutôt Jazz lui prépareront un bel écrin Soul Disco.
RépondreSupprimerPour le plaisir je me suis fait le "One Night Affair" et son blues presque déchirant "I Can Stand A Little Rain"
"One Night Affair"
RépondreSupprimerFabuleux titre effectivement.
Superb soul singer, love her. Thank you!
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