jeudi 5 avril 2012

ESTHER PHILLIPS w/Beck: What A Diff'rence A Day Makes - Kudu 23




Cover: Alen MacWeeney



Esther Philips est surtout connue du grand public pour son interprétation disco de la chanson de Dinah Washington: "What A Diff'rence A Day Makes". Ce tube a quelque peu occulté, chez nous, le reste de sa discographie mais aussi le remarquable enregistrement d’où est issu ce titre. Il faut dire que Sony a remis une couche dernièrement en sélectionnant une  fois de plus cette musique dans son coffret anniversaire « CTI Records: The cool révolution ». C'est regrettable, d'autant plus que cet album est important dans la discographie du label. Il permet de découvrir un tout nouveau directeur musical en la personne de Joe Beck. Ce virtuose du jazz, au parcours atypique et au style original, a su insuffler à son jeu de guitare l'intensité fulgurante du rock. Ses séances d'enregistrement pour les disques de Joe Farrell, Don Sebesky restent mémorables. Ceci dit, la collaboration entre ce musicien de jazz fusion et la chanteuse soul avait de quoi surprendre. Lors de sa réédition sur Compact Disc*, l'ancien directeur de la publicité du label CTI: Didier C. Deutsch  est revenu sur ce drôle d'attelage:
«... Signer avec le label kudu de Creed Taylor en 1971 avait été comme une renaissance. Elle avait déjà enregistré quatre albums avant de faire "What A Diff'rence A Day Makes", et à chaque fois elle s'était distinguée comme l'une des meilleures interprètes de R&B, avec une popularité presque égale à celle d'Aretha Franklin. Comme elle travaillait habituellement avec un cercle de musiciens qu'elle connaissait bien, notamment Pee Wee Ellis qui était son accompagnateur et directeur musical depuis quelques années, elle fut assez réticente quand Creed suggéra qu'elle fasse son album suivant avec Joe Beck, un talentueux guitariste de jazz et arrangeur, qui venait de signer avec le label, mais avec lequel Esther ne ressentait aucune affinité.  Pourtant ce fut Beck, avec ses titres enfiévrés et rythmés, qui fit de l'album ce qu'il est devenu. Le disco était la grande nouveauté de l'époque, et tous les clubs demandaient sans cesse des chansons sur lesquelles leurs clients pourraient "s'exprimer" sur les pistes de danse. Joe Beck avait retenu l'attention de Creed grâce à sa collaboration avec Joe Farrell, un autre artiste de CTI. Beck avait joué un rôle important dans son groupe et semblait avoir trouvé la bonne inspiration pour faire d'Esther une diva du disco.  Bien qu'il repose sur un large spectre de genres musicaux – des bouleversants classiques R&B, aux rocks, et même une chanson country – on se souviendra toujours de cet album pour sa piste titre, qui devint l'un des hymnes de l'ère disco, et par la même occasion ouvrit à Esther de nouvelles perspectives.  Dans les albums suivants ("For All We Know" et "Capricorn Princess"), elle essaya de retrouver les ambiances qui l'avaient portée au sommet du succès et de profiter de son "nouveau" son. Pendant un temps, on pensa même qu'elle se ferait une place parmi les divas du disco telles que Gloria Gaynor ou Donna Summer, mais il n'en fut rien, et "What A Diff'rence" demeura le seul succès populaire qu'elle enregistra dans cette veine.»**

La variété des styles abordés dans « What A Diff'rence A Day Makes » a permis à l'album de traverser les années sans soucis. Contrairement à son titre éponyme, il n'est pas daté. C'est un très bon cru aux multiples saveurs allant de la soul aux blues en passant par le rock. La présence, au côté du guitariste/arrangeur, d'un groupe de musiciens comme Steve Kahn, Chris Parker, Don Grolnick, les frères Brecker ou David Sanborn ne laissait, de toute façon, guère de doute sur la réussite de ce projet.

♫ ♫ ♫ ♫ 1/2


*  CTI: "The Master Series" Sony. 2001 - 5051632 [CD], notes: Didier C. Deutsch
**  Merci à Sylvie du forum international: help.berberber.com pour sa traduction






Esther Phillips chante "What A Diff'rence A Day Makes" à la télévision française avec le "French lover" Sacha Distel à la guitare (playback)




Face A

1. One Night Affair  5:48
(Kenny Gamble/Leon Huff)

2. What A Diff'rence A Day Makes  4:28
(Maria Grever/Stanley Adams)

3. Mister Magic   4:22
(Ralph MacDonald/William Salter)

4. You're Coming Home  3:24
(Brenda Harris)



Face B:

1.  I Can Stand A Little Rain  3:21
(Jim Price)
2.
Hurtin' House  5:00
(Lu Emerson)

3. Oh Papa 4:18
(David Nichtern)
4.
Turn Around, Look At Me  3:57
(Jerry Capehart) 



Sur compact disc en bonus:
What A Diff'rence A Day Makes (single version)  3:10


Arrangé par Joe Beck

Enregistré aux studios Van Gelder en Avril 1975
Ingénieur du son: Rudy Van Gelder


Voix: Esther Phillips
Guitares: Lead: Joe Beck, rythmique: Steve Kahn, Steel Pedal: Eric Weisberg
Keyboards: Don Grolnick
Basse: Will Lee
Batterie: Chris Parker
Percussion: Ralph MacDonald
Saxophone ténor: Michael Brecker
Saxophone alto: David Sanborn
Trompette: Alan Rubin, John Gatchell, Jon Faddis, Randy Brecker
Trombone: Barry Rogers, Tony Studd
Cor d'harmonie:  Brooks Tillotson, Jimmy Buffington
Violon: Emanuel Green, Gene Orloff, Harold Kohon, Harry Lookofsky, Kathryn Kienke, Leo Kahn, Matthew Raimondi, Max Pollikoff
Alto: Al Brown, Manny Vardi
Vionloncelle: Charles McCracken, George Ricci

Photographie: Alen MacWeeney
Design: Bob Ciano

Producteur: Creed Taylor                





3 commentaires:

  1. Mezrci de ce rafraîchissement, sur des conbseils similaires j'avais pris ce disque. Marrant comment des artistes plutôt Jazz lui prépareront un bel écrin Soul Disco.
    Pour le plaisir je me suis fait le "One Night Affair" et son blues presque déchirant "I Can Stand A Little Rain"

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  2. "One Night Affair"

    Fabuleux titre effectivement.

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  3. Superb soul singer, love her. Thank you!

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