mercredi 2 avril 2014

FLOW: Flow – CTI 1003




Cover and design: Tony Lane 



Flow est un groupe hippie originaire d’Ocala en Floride. Il est surtout connu pour avoir hébergé en son sein le guitariste des Eagles, Don Felder, à ses débuts. C’est leur unique album. Il est, comme la plupart des disques de la série 1000, empreint de mystère, très difficile à se procurer, comme à classer. Son univers navigue entre le rock et le jazz sans qu’on puisse pour autant véritablement parler de jazz-rock. On sait peu de choses sur Flow et c’est donc avec beaucoup d’intérêt que j’ai découvert que Don Felder parlait de cet enregistrement dans son autobiographie, parue  en 2008:

« Quand vint le moment pour Flow d’entrer en studio pour graver son premier album, nous étions tous assez terrifiés. Creed Taylor utilisait un studio à Englewood, New Jersey. La pièce que nous utilisions était ronde et elle était censée avoir une ambiance naturelle. Son gérant et propriétaire s’appelait Rudy Van Gelder, un Allemand, optométriste de formation, qui s’était reconverti en ingénieur du son et avait des références impeccables. Il avait travaillé avec Miles Davis, John Coltrane, Thelonius Monk, et on disait que c’était lui l’artisan du son de Blue Note. Il avait d’excellents microphones Neumann et un équipement d’enregistrement dernier cri, avec tables de mixage et égaliseurs. Assis dans sa cabine d’enregistrement, il manipulait les commandes comme un savant fou. Il portait carrément des gants blancs pour que ses enregistrements soient purs et haute-fidélité. (…)
Quand ce fut à nous de nous installer dans le studio, nous étions à cran. C’était notre premier vrai enregistrement, et nous nous sentions sous pression dans cet environnement aseptisé avec un homme en blouse blanche et un équipement high-tech. Creed entra, s’assit dans la salle de contrôle, exactement comme s’il allait sortir une pipe pour se mettre à fumer, mais il ne prononça pas un mot. Il n’y avait aucune direction musicale, rien, et je réalisai soudain, et avec un certain malaise, que ce n’était ni Rudy Van Gelder, ni Creed Taylor qui faisaient ces enregistrements de légende, c’était les artistes eux-mêmes. Je n’étais pas le seul avec une boule dans l’estomac. Nous commençâmes à jouer mais on pouvait entendre et sentir que notre performance était convenue. La catastrophe était en marche et aucun de nous ne pouvait rien faire pour l’arrêter. L’album fut baptisé « Flow » et la pochette représentait un pochoir du nom du groupe d’où dégoulinait de la mousse de savon. On détestait. On trouvait que ça ressemblait à une pub de lessive. J’étais fier de l’album parce que c’était mon premier, mais j’étais aussi immensément déçu. Je croyais que j’allais le sortir de sa pochette, le mettre sur la platine, et être bluffé comme je l’étais par les disques de Quincy Jones. J’avais utilisé les mêmes techniques d’enregistrement, le même ingénieur, le même producteur. Je ne comprenais pas pourquoi mon disque ne me donnait pas les mêmes frissons dans le dos. Une nouvelle déception m’attendait. Nous eûmes pas mal de passages radio à New York, mais nous n’étions pas dans le style « A&M », et beaucoup de stations refusèrent de nous diffuser à cause de nos longs solos de jazz. »
 
[extrait de Heaven and Hell: My Life in the Eagles (1974-2001) by Don Felder with Wendy Holden:]*

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* Merci à Sylvie du forum international: help.berberber.com pour sa traduction










                                                                  Le groupe Flow




Original text:

« When it finally came time for flow to go into the recording studio and cut its first album, we were all pretty scared. Creed Taylor used a studio over in Englewood cliffs, New Jersey. The room we used was round and was supposed to have a natural ambiance it was owned and run by Rudy Van Gelder, a german optometrist by trade, who’d become a recording engineer with impeccable credentials. He ‘d worked with Miles Davis, John Coltrane, Thelonious Monk, and was said to be responsible for the Blue Note Sound. He had top-notch Neumann microphones and state-of-the-art eight-track recording equipment with mixing consoles and equalizers. He sat in his recording booth manning the controls like some mad scientist. He literally wore white gloves to make his very antiseptic, high-fidelity recordings(…)
When it was our turn to set up, in the studio, we very edgy. It was our first real recording, and we felt under immense pressure in this clinical environment with a man in a white lab coat and latest high-tech equipement all around us. Creed came in, sat down in the control room, looking for all the world as though he were going to pull out a pipe and smoke it, but he didn’t say a word. There was no musical direction, nothing i realized suddenly, and with considerable discomfort, that it wasn’t Creed Taylor or Van Gelder who made all those legendary recordings, it was the artists themselves. I was’t the only one with butterflies in my stomach. We began to play, but you could hear and feel that it was a very forced performance. In fact, it was a train wreck, and there was nothing any of us could do to pull it back from abyss. The album was called flow and the cover featured a stencil of the band’s name with soapsuds dripping from it. we hated it. we thought it looked like an ad for laundry detergent I was proud of the album because it was my first, but i was also hugely disappointed. I’d expected to take it out of the sleeve, put it on the turntable, and be blown away like i was with Quincy jones’s record.  I’d used the same recording techniques, engineer, and producer. I just couldn’t understand why my record didn’t affect me in the same spine-tingling way there was further disappointment. We had a fair amount of airplay around new york, but we weren’t « A&M-oriented, » and a lot of radio stations wouldn’t play us because of our long jazz solos. 
[Heaven and Hell: My Life in the Eagles (1974-2001) by Don Felder with Wendy Holden:]


Book: Heaven and Hell: My Life in the Eagles (1974-2001) by Don Felder with Wendy Holden.



Face A:

1. Daddy 3:35
(C. Newcomb)
2. Here we are again 6:45
(M. Barnett/J. Winter)
3. Line ‘Em 2:45
(Leadbelly, arrangement Flow)
4. Gotta get behing your trip 3:30
(C. Newcomb/J. Winter)
5. Chicken Farm 2:50
(M. Barnett/J. Winter/B. Ruff)

Face B:

1. No lack of room 3:50
(C. Newcomb/D. Felder)
2. Summer’s gone 5:50
(J. Winter)
3. Mr Invisible 3:55
(C. Newcomb/J. Winter)
4. Arlene 5:05
(J. Winter)*

Enregistré aux studios Van Gelder en janvier 1970

Ingénieur: Rudy Van Gelder
Photo de couverture et design: Tony Lane
Dessin: Mike Barnett intitulé « March of progress »

Basse et voix: Chuck Newcomb
Guitare: Don Felder
Piano/piano électrique/orgue/saxophone ténor/Flûte/harmonica: John Winter
Batterie: Mike Barnett
Percussions (tabla, conga, clochette): Ed Shaughnessy, Angel Allende, Johnny Pacheco

Produit par Creed Taylor



 



                       Dessin au dos de la pochette: Mike Barnett intitulé « March of progress »


2 commentaires:

  1. Formidable,
    Je me suis régalé rien qu'à lire l'interview, le ressenti des zicos , etc...
    Jai entendu ce groupe il y a longtemps sans qu'il n'en reste grand chose et ce rapport avec le recul s'annonce captivant, je vais donc prendre ce chemin et tendre l'oreille afin de prendre en compte ce concept et le reste...
    Mil mercis.
    à +

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  2. C'est marrant de retrouver Don Felder ici. Quand tu penses que 6 ans plus tard il pondait le mega tube : "Hotel california".
    https://www.youtube.com/watch?v=5a1rZrnUIRg

    J'avais 15 ans à l'époque et il ne se passait pas une boum sans ce slow. Le meilleur moment pour tenter une approche et se prendre un rateau c'était à 3:52

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