JACKIE CAIN & ROY KRAL: A Wilder Alias - CTI 6040

Cover: Pete Turner

Steve Gadd est l'un des batteurs les plus brillants que le jazz ait connu. Son imagination, doublée d'une maîtrise technique hors norme, lui confère un jeu d'une grande intensité, un feeling unique.

Il a laissé quelques enregistrements remarquables sur le label CTI mais sa performance la plus spectaculaire est, sans conteste, sur l'album de Jackie Cain & Roy Kral : « A Wilder Alias ».

Longtemps inédit en CD, ce disque de 1973 a été réédité en 2011, à l'occasion du quarantième anniversaire du label. Il bénéficie de la plus-value sonore de cette édition, réalisée pour la première fois à partir des bandes originales analogiques. Cependant, tout ceci est à nuancer car la prise de son est, à la base, un peu moins transparente qu'à l’accoutumée.

C'est le deuxième album du duo vocal sur le label de Creed Taylor. Il est très diffèrent du précédent : « Time & Love » et, à vrai dire, assez ambitieux. Le couple semble prendre un nouveau départ, abordant un style plus libre, plus sauvage, sans orchestration. Une fusion qui n'est pas s'en rappeler, par moments, le couple brésilien Flora Purim et Airto Moreira. L'analogie peut être faite aussi avec  le jeu survitaminé de Steve Gadd sur cet album et le style d'Airto. A l’exception de "Niki's Song", la plupart des morceaux sont sans véritable parole. La voix est au service de la musique comme un instrument. Le couple a amené dans ses bagages deux musiciens talentueux: le contrebassiste Harvie Swartz et Roy Pennington au vibraphone. On retrouve aussi les brillants solistes du label : Hubert Laws, parfait à la flûte et Joe Farrell, créatif au saxophone. Roy Kral joue sur un piano électrique Wurlitzer, il a écrit et arrangé toutes les musiques. C'est un musicien et un compositeur remarquable qui mériterait d'être plus connu en France. La voix de Jackie Cain semble moins brillante qu'à l'habitude. Il faut préciser que cette dernière était très en colère à la sortie du disque contre le producteur lui reprochant d'avoir utilisé ses répétitions.

Le couple traversait une période difficile. Ils venaient de perdre leur fille dans un accident de voiture et la chanson "Niki's Song"* lui rend hommage. Il en va de même pour "A Wilder Alias" que Roy Kral écrivit à la mort, elle aussi tragique, de son batteur Jimmy Molinary. C'est probablement une des raisons qui explique l'omniprésence de la batterie. Le titre de l'album est à double sens ; littéralement : "un alias plus sauvage", ce qui veut dire que le duo nous montre un autre côté (plus sauvage) de sa personnalité. C'est aussi un hommage  à Alec Wilder, compositeur et ami du couple, ainsi qu'à Jimmy Molinary qui utilisait  souvent des pseudonymes.

La superbe couverture a probablement un sens caché aussi. C'est une photo du grand photographe américain Pete Turner : "Reflected Rocks", prise en Californie en 1967 dans... la vallée de la mort (Death Valley).

Un grand disque de Jazz vocal, servi par des musiciens exceptionnels.

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* Même s' il n'est pas crédité, Alec Wilder semble avoir écrit "Niki's Song". En tout cas, c'est ce que laisse entendre Jackie Cain dans son interview à JazzWaz.

* Merci à Cloelia du forum international: help.berberber.com pour la traduction des sources Anglaises

"A Wilder Alias" (Roy Kral)


Face A:

1. Wilder Alias  5:10
(Roy Kral)
2.  Niki's Song  6:21
(Jackie Cain/Roy Kral)
3.  Waltz For Dana*  4:18 (*Dana est la seconde fille de Jackie & Roy)
(Roy Kral)

Face B:

1. The Way We Are  6:08
(Roy Kral)
2. Good And Rich  10:40
(Roy Kral/Richard Druz)

Direction musicale: Don Sebesky
Tous les arrangements : Roy Kral

Enregistré en Décembre aux studios Van Gelder en 1973
Rudy Van Gelder : ingénieur

Voix:   Jackie Cain, Roy Kral
Piano : Roy Kral
Basse : Harvie Swartz
Batterie : Steve Gadd
Vibraphone : Roy Pennington
Flûte : Hubert Laws
Saxophone ténor et soprano : Joe Farrell

Photographie de couverture : Pete Turner
Photographie intérieure : Dean Brown
Design : Bob Ciano

Produit par Creed Taylor