dimanche 25 mai 2014

RON CARTER: Spanish Blue - CTI 6051




Cover: Alan MacWeeney




Le contrebassiste Ron Carter fût la pièce maitresse des productions CTI comme en atteste sa participation à plus de quatre vingt enregistrements. On l'entend sur presque tous les albums de la série 6000. Celle là même qui a fait la légende du label. Sa technique prodigieuse, son élégance féline, sa sonorité ample et son sens du collectif ont permis au producteur Creed Taylor d'asseoir une des plus belles sections rythmiques des années 70. Quand on sait  qu'il était associé, la plupart du temps, à des musiciens comme Jack DeJohnette, Billy Cobham ou Steve Gadd, on comprend l’intérêt que suscite aujourd'hui encore cette collection.
Si Ron Carter est incontestablement l'accompagnateur phare du label, on peut, me semble t-il, être plus réservé quant à sa discographie en tant que leader. Il a laissé cinq albums sur la CTI et aucun, à l’exception d' « All Blues », récemment réédité, n'est vraiment passionnant. Ce manque de charisme s'explique assez mal au regard de l'ensemble de sa production. Est ce dû à une trop grande importance donnée au côté divertissement durant cette période ?
Heureusement « Spanish Blues » échappe la plupart du temps à ce reproche. Les deux compositions, joliment écrites par Ron Carter dans le style espagnol, "El Noche Sol" et "Sabado Sombrero", apportent une touche d'exotisme savoureuse. Elles mettent en valeur deux très émouvants solistes : le flûtiste Hubert Laws, figure emblématique du label à la douceur délicieuse et Roland Hanna, pianiste au toucher presque classique. L'autre morceau de choix est la reprise de "So What ?" de Miles Davis. C'est la deuxième version du titre introductif de « Kind of Blue », Ron Carter l'ayant déjà enregistré en 71 avec George Benson sur l'album de ce dernier « Beyond The Blue Horizon ». Il est à noter d'ailleurs que ces deux bijoux sont réunis sur le magnifique coffret « CTI Records: The Cool Révolution ». Enfin, "Arkansas", une composition mi jazz, mi funk, mi divertissement, avec Léon Pendarvis au piano électrique, met fin à l'album dans la bonne humeur. On peut s'y délecter d'un solo de basse piccolo joué en re-recording.

Un des meilleurs disques de Ron Carter sur le label après « All Blues ».

♫ ♫ ♫ ♫







"El Noche Sol" (Ron Carter) avec Roland Hanna piano, Hubert Laws flûte






                                  Enregistré aux studios Van Gelder en novembre 1974



Basse : Ron Carter   
Batterie/Fiel drum : Billy Cobham 
Guitare : Jay Berliner   
Percussion : Ralph MacDonald   
Flûte : Hubert Laws   
Piano : Roland Hanna (piano électrique "So What ?")   
Piano électrique : Léon Pendarvis ("Arkansas")




Ron Carter joue avec la même contrebasse "Juzek 1910" depuis 1959






Face A :
1. El Noche Sol  5:56
(Ron Carter)
2.  So What ?  11:24
(Miles Davis)

Face B :
1.  Sabado Sombrero  6:14
(Ron Carter)
2. Arkansas  10:33
(Ron Carter)

Ingénieur du son : Rudy Van Gelder
Texte : Doug Ramsey
Photo de couverture: Alen MacWeeney 
Design : Bob Ciano
Producteur: Creed Taylor


2 commentaires:

  1. Encore une fois un album qu'on a envie de découvrir...
    Cela me fera qui sait, changer mon appréciation à peu près équivalente à la tienne sur Ron Carter.
    Un jeu familier, pourtant pour un inconditionnel de Miles, un jeu suivi chez Hancock en trio, VSOP et toujours "associé" au fracas de Tony Williams...
    Pourtant...
    Oui, pourtant jamais pu réellement accrocher avec Ron Carter, une position étrange que je n'ai jamais vraiment cherché à m'expliquer, mais à chaque fois que je lis son nom, je ne suis pas spécialement attiré , ni même curieux.
    Tu me mets Eddie Gomez, Gary Peacock, Barre Phillips, Dave Holland, et tant d'autres, ça m'attire...
    mais lui, ça me laisse en retrait.. (un peu comme ça le fait avec Stanley Clarke, même si...).
    Mais bon, je prends note de cet album, comme je ne connais pas et que les extraits sont vraiment dignes d'intérêt je pense qu'il me faut me décider à aller en profondeur afin de réviser la copie, car, tout de même Ron Carter, en Herbie Hancock trio (un exemple vraiment saisissant...), c'est plutôt de la bombe...
    Avec le temps ça va se faire.
    Encore merci pour cette richesse quotidienne ici - une véritable mine de découvertes et redécouvertes, de souvenirs et de regain d'intérêt, de curiosité...
    à +

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  2. C'est vrai qu'il faut distinguer chez Ron Carter l'accompagnateur et le leader. C'est difficile à expliquer d'autant que c'est un très bon compositeur. Je me suis dit à un moment donné que c'était peut être du à la spécificité de l'instrument mais très vite, je me suis rendu compte que j'adorais les disques de Charlie Haden. Donc c'est autre chose...
    Je devrais bientôt reparler de "Sugar" de Stanley Turrentine. Figures toi que je me suis aperçu qu'il y avait un titre inédit dans la dernière réédition. Je guette le facteur trop impatient d'écouter ça ;)

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