lundi 26 mars 2012

DON SEBESKY: The Rape of el Morro – CTI 6061




Cover: Alan Kaplan



Le label CTI Masterworks qui a eu la bonne idée de rééditer « Giant Box » serait bien inspiré de continuer sur sa lancée avec ce deuxième disque de Don Sebesky: un album assez mystérieux et finalement plus amusant qu'il n'y parait au premier abord. L'éclectisme et le savoir faire du musicien offrent à l'auditeur un tourbillon de notes, une ivresse sonore proche de la volupté. L’album commence par le titre éponyme "The Rape of el Moro", initialement baptisé "Spanish Blood": un croisement entre jazz fusion, musique mexicaine et voix flamenca.
Don Sebesky: «
J'avais dans l'idée de superposer une voix flamenca. Quelqu'un suggéra Joan LaBarbara, qui avait travaillé avec divers groupes expérimentaux. Elle est capable de créer deux notes à la fois – en octaves, ou en octave et quinte simultanément. Elle est incroyable! Elle a ajouté une nouvelle dimension... Elle est vraiment unique. C'est une interprète de formation classique qui ne voulait pas chanter l'opéra traditionnel, alors elle a commencé à participer à toutes sortes d'associations étranges. Son grognement dans "El Morro", je n'arrive pas à m'en remettre. On dirait qu'il est tout droit sorti de "L'Exorciste". Pour nous, ça a fonctionné bien mieux qu'une vraie voix flamenca  ».*
A peine remis de ces vocalises
, nous voilà partis (re)visiter "Moon Dreams", titre lunaire extrait d'un album de Miles Davis: « Birth of the Cool ». Auquel s'ajoute "Skyliner", jolie mélodie de Charlie Barnet, façonnée par deux musiciens en état de grâce, le saxophoniste Mike Brecker et le guitariste Joe Beck.
Tout l'album d'ailleurs est un véritable festival Beck-Brecker. Les solos du saxophoniste ténor sont de toute beauté comme sa sonorité. Joe Beck est bluffant, aussi bien à la guitare rythmique funky qu’à travers des solos puissants et originaux. La face B est du même acabit avec une fantastique version groovy du Ragtime de Scott Josplin: "The Entertainer", peut être le meilleur titre de l'album. Citons aussi le surprenant "Footprints of the Giant" basé sur des thèmes de Béla Bartók. Coté musiciens, Ron Carter et Will Lee se partagent avec bonheur les parties de basse. Enfin, si on veut vraiment faire les difficiles, on pourra s'étonner des peaux de Steve Gadd qui sonnent par moment un peu "cheap".
A rééditer  de toute urgence.

♫ ♫ ♫ ♫ ♫



* Extrait du texte de présentation de Leonard Feather ( Merci à Sylvie du forum international: help.berberber.com pour sa traduction)


 
"The Rape of el Morro"



Note: Don Sebesky joue du calliope électrique sur "The Entertainer".
Le chant sur "The Entertainer" n'a pas été crédité. Il s'agit d'un membre de l'orchestre qui n'a pas désiré apparaitre comme tel.




FACE A:


1.  The rape of moro 7:14
  (Don Sebesky)
2.   Moon dreams  5:30
(C. MacGregor/J. Mercer)
3. Skyliner 5:49
(C. Barnet)  



FACE B:


1.  The entertainer 4:12
(
Scott Joplin, arrangé et adapté par Don Sebesky)
2.   Footprints of the giant  7:32
(basé sur des thèmes de Bela Bartock, arrangé et adapté par Don Sebesky)

2. Lucky seven 5:28
(Don Sebesky)


Enregistré au studio Van Gelder en avril et mai 1973


Ingénieur du son: Rudy Van Gelder
Photo de couverture: Alan Kaplan
Photo intérieure: Alen MacWeeney
Design: Bob Ciano et Richard Mantel


Producteur: Creed Taylor




Arrangé par Don Sebesky

Contebasse: Ron Carter (A1, A2), Will Lee

Batterie: Steve Gadd
Percussions: George Devens, Phil Kraus
Saxophone: Micke Brecker (tous les solos de tenor), Dave Sanborn (alto)
Keyboards:Don Grolnick (solo B3), Roland Hanna (solo A1, A2), Pat Rebillot (A3), Don Sebesky 
Guitare: Joe Beck
Trompettes :  Randy Brecker, Jon Faddis 
Trombones
: Wayne Andre, Barry Rogers, Sonny Russo, Tony Studd
Flutes/alto flute:
Walt Levinsky, George Marge, Al Regni, Harvey Estrin, Ray Beckenstein

Violons: Paul Gershman, David Nadien, Emanuel Green, Harold Kohon, Matthew Raimondi, Harry Cykman, Harry Glickman, Charles Libove, Harry Lookofsky
Violoncelle: Charles McCracken, Seymour Barab
Alto: Jean dane, Manny Vardi
Violon electrique: David Rose
Voix: Joan La Barbara

3 commentaires:

  1. Je découvre l'album et quel régal.
    Des arrangements somptueux (du coup j'ai vu qu'il avait fait un livre sur le sujet, je vais essayer de me le procurer.
    L'ambiance générale de l'album me fait penser à certains albums qu'avait sorti steve khan, à cette époque ce son était largement dû à la pâte soliste de michael brecker qui effectivement ici est parfait. et encore une fois ces flutes (ray beckenstein ne cacherait t'il pas jay beckenstein futur leader de spyro gyra ?)... oui, plus j'y pense, plus brecker me fait penser à ces albums avec steve khan mais aussi un introuvable de will bouware intitulé "crystal green" que je cherche à prix raisonnable depuis... de très nombreuses années.
    Joe Beck, méconnu, car transitoire en jeu entre un jazz guitaristique et la fusion jazz rock est ici vraiment intéressant.
    et ce entertainer-rap avec les cuivres des frangins si aisément reconnaissables et sanborn qui pointe toujours (!...) sacré lifting.

    belle chronique qui décidément me met au diapason de ce label CTI - de façon bien plus pécise que je ne l'aurait fait auparavant.

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  2. Je pouvais pas citer tout le monde mais Don Grolnick, Roland Hanna, Pat Rebillot et Don sebesky aux claviers sur le même album c'est pas mal aussi.

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  3. J'ai été affecté quand Don Grolnick est décédé, c'est un claviériste pour lequel j'avais beaucoup de respect et avec lequel je me sentait des affinités... en toute modestie, ne nous égarons pas...
    Le musicien de studio parfait, tout terrain, à l'écoute, toujours inventif et en conscience du projet.
    Je l'ai adoré dans le Still Warm de Scofield où il fait des merveilles et ai piqué toutes ses astuces possibles de style dans le Straight to the heart Live de David Sanborn.
    J'adore ce pianiste...
    Et... dans le premier Steps Ahead "Smokin'in the Pitt"...

    bref, le casting de cet album de Sebesky est impressionnant et je l'ai écouté déjà plusieurs fois car il regorge de trouvailles musicales et orchestrales à ne pas négliger...
    merci pour cette découverte.

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