vendredi 14 février 2014

TAMBA 4: We and the sea - A&M/CTI 3004





Cover: Pete Turner




Avant de devenir un label indépendant,  la CTI fut une division jazz de la compagnie de disques A&M. Absorbée depuis par le géant Universal Music, elle réapparait aujourd'hui sous l'étiquette Verve.
Cette collection, au format digipack, réédite dans un très bel écrin sonore quelques titres importants de la série 3000. Citons l'excellent « Shape of Things to Come » de George Benson ou l'un des nombreux chefs-d’œuvre de Tom Jobim : « Tide ». Face à ces grands succès commerciaux, un disque brésilien est un peu passé inaperçu. Il faut dire qu'à sa sortie le célèbre magazine américain DownBeat s'était montré réservé pour finalement se contredire 35 ans plus tard en le notant  **** 1/2. Ironie de l'histoire, c'est probablement aujourd'hui le joyau du catalogue.
Tamba 4 est un quatuor brésilien emmené par le grand pianiste, compositeur, arrangeur Luiz Eça. Il est composé de José de Castiho e Souza (aka Bebeto) à la flûte et au chant, de Dorio Ferreira à la basse et de Rubens Ohana à la batterie. Ces musiciens talentueux jouent sur d'autres instruments selon les titres (guitare, permutation de basse, percussions...). Leur style musical est assez éloigné de la bossa nova classique.  Dans le texte de présentation de 1967, Harvey Loomis remonte à la source de leur inspiration : 

« Il y a un autre élément très important dans le son Tamba, et il remonte à quatre siècles de cela, à l'époque où les cultures des esclaves africains et des missionnaires portugais ont commencé à se mélanger à celle des Indiens du Brésil. Le résultat musical était un mélange exotique des airs profondément mélancoliques des Indiens, avec le rythme insistant et structuré des Africains et les mélodies "sans mesure" mauresques du Portugal. Cette musique est toujours vivante dans le nord-est du Brésil (où vivent la plupart des Noirs du Brésil) et le compositeur brésilien, Baden Powell s'en est beaucoup inspiré pour sa propre musique. Trois de ses chansons figurent sur cet enregistrement. Cette musique du nord est parfois, et de manière qui prête à confusion, appelée Afro-samba, mais peut-être que bossa norte - «la chose du Nord» - serait plus explicite. La tessiture est plus grave, plus sombre, plus osée que celle de la bossa nova... Baden Powell est son prophète, et les Tamba 4 sont ses disciples. »*


Ce disque de bossa norte, subtil métissage de cultures afro-brésilienne et européenne, est hanté par le souffle mélodieux de José de Castiho e Souza. Ses parties de flûte mais aussi sa voix de satin doux sur "Moça Flor" participent à l’envoûtement général.  La musique classique, très présente aussi tout au long de l'album, est magnifiée par le jeu délicat de Luiz Eça. On pense à Ravel, Gershin, Debussy et même Rachmaninov.
C'est un disque de jazz brésilien éclectique et authentique, loin, très loin des albums clichés en vogue à cette époque.

♫ ♫ ♫ ♫ ♫


* Merci à Lucia du forum international: help.berberber.com pour sa traduction






Premier enregistrement du standard de jazz : The Dolphin (Luiz Eça) par Tamba 4





                       Enregistré aux studios Van Gelder en septembre 1967



Face A      
1. The Hill (O Morro) 8:08
(Antonio Carlos Jobim/Vinicius de Moraes)  

2.  Flower Girl (Moça Flor) ** 3:08
(Luiz Fernando/Durval Ferreira) 

3. Iemanjá * 4:30
(Baden Powell)

4. We And The Sea (Nós E Ou Mar)* 2:30
(Ronaldo Boscoli/Roberto Menescal)

Face B
1. Chant Of Ossanha (Canto De Ossanha)* 5:00
(Baden Powell/Vinicius de Moraes)

2. Dolphin* 2:20
(Luiz Eça)

3. Consolation (Consolação) 8:10
(Baden Powell/Vinicius de Moraes)

* Voix : Tamba 4
** Chant Portugais par Bebeto







The Dolphin (Luiz Eça) par Bill Evans



Musiciens :
Piano et orgue
Luiz Eça

Basse et guitare et percussion
Dori

Batterie et Jawbone et conga
Ohana

Flûte et basse
Bebeto
(Bebeto joue de la basse sur The Hill et Chant of Ossanha)





                                         Instrument de musique : Jawbone


Ingénieur du son : Rudy Van Gelder
Cover : Pete Turner
Design : Sam Am Antupit

Produit par Creed Taylor

2 commentaires:

  1. Là tu m'as carrément intrigué - je ne connais pas du tout, mais tu sais bien que je vais remédier.
    Il était quand même temps que je fasse un rapprochement avec B Evans...
    Comme quoi, on peut passer à côté de bien des merveilles... et oublier des connexions pourtant évidentes.
    Merci.

    RépondreSupprimer
  2. Ton commentaire Pascal me permet de détailler un peu plus cet article.
    Je pense effectivement que ce disque est fait pour toi. D'autant que j'ai mis en extrait le désormais Standard : "The Dolphin" mais il est presque anecdotique au regard des autres titres.
    J’aurai voulu proposer à l'écoute "O Morro" mais l'extrait Youtube saute par moment. Bref je t'invite à le découvrir par toi même.
    Je l'ai découvert à travers la réédition Verve. Elle a été supervisé par Richard Seidel
    http://dougpayne.blogspot.fr/2011/02/reissuing-cti-richard-seidel-interview.html
    On lui doit notamment la série CTI en l'honneur du quarantième anniversaire du label. Une splendeur sonore !
    Par contre la réédition japonaise, qui est sortie avant, à un défaut. Je ne sais pas si c'est un défaut que l'on trouve sur le vinyle. Je ne l'ai pas encore trouvé (il faut dire que les frais de port pour les states sont devenus conséquents).
    Je crois savoir que Creed Taylor n'était pas satisfait du résultat, peut être à cause de la longueur de certains titres inadaptés pour le format radio. C'est une des critiques du magazine DownBeat à sa sortie. Critique reçu 5/5 puisque l'album suivant "Samba Blim" est composé de miniatures.
    C'est ces longueurs délicieuses, ses changements thématiques abyssaux qui font le sel de cet album aujourd'hui.

    RépondreSupprimer